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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 12:17
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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 22:22
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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 12:59
la colombe poignardée

Il se plaignait souvent de vivre à l’écart, sans bonheur ni joies ni plaisirs, sans même voir une fleur ou une jeune fille, victime de la maladie et du livre auquel il s’était sacrifié. Et certes, ce renoncement lui coûta énormément. Pourtant il n’avait pas renoncé à ses désirs, à l’« amour ardent » qu’il nourrissait pour les choses, au plaisir de caresser de son regard intérieur les ailes changeantes et vibratiles de la beauté du monde. Jusqu’à la fin de sa vie, il continua à désirer amis et amies, hommes et femmes, amours, sons et couleurs. « Et peut-être aussi la grande sobriété de ma vie sans voyages, sans promenades, sans société, sans lumière, écrivait-il à Marthe Bibesco, est-elle une circonstance contingente qui entretient chez moi la pérennité du désir. » Il continua à désirer. Mais il n’espérait jamais. Car il savait que tout était perdu, depuis toujours et à jamais.

Pietro Citati, La colombe poignardée, traduit de l’italien par Brigitte Pérol, éditions Gallimard, Paris, 1997.

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 15:44
à pas aveugles de par le monde

« Et le plus jeune de ses oncles, Reb Yankl. Une petite famille : ils étaient seuls, lui et son épouse tante Sorè, qui avait la bouche un peu de travers comme si elle n’osait pas parler aux gens de face. Ils avaient une fille, Guenendl. Et là S. sentit qu'il allait exploser : Guenendl, Guenendl, sa cousine, à la peau veloutée comme des fleurs de lilas, à la démarche pensive et souple, aux longs cheveux de soleil tombant sur ses épaules. Jamais il n’avait réussi à attirer son attention, à entrer dans le sourire méditatif sous ses paupières baissées. Son pas élastique l’éloignait toujours ; plus jamais il ne pourra la rejoindre. »

Leïb Rochman, À pas aveugles de par le monde, traduction du yiddish par Rachel Ertel, éditions Denoël, 2012. Dessin de Dominique Hérody.

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 11:41

Il y a vingt ans, devant la caméra vagabonde de Claude Mesnard, Daniel vivait un chant de Maldoror dans les ruelles et les remparts d’Angoulême.

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 00:54
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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 18:19
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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 17:25
à la campagne

Après tout, c’est vrai que ces petites villes endormies ne sont pas mal comme campagnes où passer la belle saison pour y travailler tranquillement, ce qui devient de plus en plus utopique à Paris. Moi, dans presque toutes les villes que nous venons de voir, je me suis installé en imagination. J’y ai loué des appartements, acheté des maisons, changé plusieurs fois d’adresse. À Sens, par exemple, le quartier où il y a cette île… Et de chaque ville choisie je faisais mon château où je vivais noblement, travaillant dans une solitude complète, tout absorbé dans la construction d’un poème de quelques centaines de vers où je condensais la quintessence de dix années de ma vie. Alors Paris devenait, au loin,« la ville », celle où on va faire les provisions, où on envoie le chauffeur avec la liste des commissions… Et de temps en temps on sort, on va voir les amis : châtelains d’Auteuil, gentilshommes de la plaine Monceau, prélats et abbesses des V e et VI e arrondissements. Voilà tout le rôle qu’avait Paris dans ma vie telle que je l’organisais. Valery Larbaud, Allen, in la Nouvelle Revue Française, février et mars 1927.

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 17:41
le désir

(…) De sorte que l’inassouvi est de l’essence du désir, mais c’est bien un désir typique le plus complet, un raisonnement le plus parfait : donc nous avons atteint ce que nous voulions, nous ne laissons pas de l’inassouvi, nous ne vivrons pas en perpétuel raté, nous rabattant du désiré sur du non désirable, qui trompe notre faim. C’est pour cela qu’il faut vivre où le désir est délicieux, aller dans les beaux bals, aller dans les rues, voir passer ce qu’il y a de beau, et intriguer pour le connaître, pour donner à l’âme le sentiment de l’accomplissement, fût-il décevant, de ce qu’il y a de plus parfait ici-bas, épousant le mieux les formes du désir, voir passer dans un jardin des belles fleurs humaines et les cueillir, regarder par la fenêtre, aller au bal, se dire : « Voilà les possibilités les plus belles », et les goûter. Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Gallimard, 1954.

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 01:00
ce jeune roman

« (…) Du haut de sa solitude, encombrée de paperasses, pavée de bouquins et peuplée de ses rêves, Samuel apercevait souvent, se promenant dans une allée du Luxembourg, une forme et une figure qu’il avait aimées en province, — à l’âge où l’on aime l’amour. — Ses traits, quoique mûris et engraissés par quelques années de pratique, avaient la grâce profonde et décente de l’honnête femme ; au fond de ses yeux brillait encore par intervalles la rêverie humide de la jeune fille. Elle allait et venait, habituellement escortée par une bonne assez élégante, et dont le visage et la tournure accusaient plutôt la confidente et la demoiselle de compagnie que la domestique. Elle semblait rechercher les endroits abandonnés, et s’asseyait tristement avec des attitudes de veuve, tenant parfois dans sa main distraite un livre qu’elle ne lisait pas. Samuel l’avait connue aux environs de Lyon, jeune, alerte, folâtre et plus maigre. À force de la regarder et pour ainsi de la reconnaître, il avait retrouvé un à un tous les menus souvenirs qui se rattachaient à elle dans son imagination ; il s’était raconté à lui-même, détail par détail, tout ce jeune roman, qui, depuis, s’était perdu dans les préoccupations de sa vie et le dédale de ses passions. (…) » Charles Baudelaire, La Fanfarlo, Gallimard, coll. Folio, 2012 ; dessins de l’auteur.

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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
  • : petites proses journalières, citations, musiques, ou bouts de films.
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.