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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 21:39

renan.jpg

Apparemment l’auteur est assez heureux et satisfait de lui, — et serait même prêt, si l’occasion s’en présentait, à refaire une petite et charmante promenade de santé dans la réalité. Que sait-on de la réalité ? comment s’assurerait-on qu’on soit vraiment en vie ? La question n’est pas encore à l’ordre du jour dans l’intelligentsia philologue. Ernest doit préparer, plutôt, son discours de réception à l’Académie française, où il occupera le fauteuil vingt-neuf de Claude Bernard. Ernest Renan (1823-1892) 

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 13:15

Kitagawa-Utamaro-copie-1.jpg

Fleur de lotus solitaire

au bord de l’étang

éternité éphémère

 

estampe d’Utamaro Kitagawa (1753-1806)


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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 15:46
Sur les pages brunes du cahier silencieux, c’est toute sa vie qui vient affleurer. Sa vie ? est-ce seulement sa vie, ou celle qu’il a rêvée ? Nous sommes peut-être en 1912, l’automne, le soir bleu descend sur Paris, — le temps s’est arrêté sur le boulevard Haussmann, si proche et si lointain. L’âme joyeuse et endeuillée, la plume court à l’intérieur d’un labyrinthe. Chaque sensation, chaque émotion est portée à ébullition. La littérature naît à chaque paragraphe, mais peut-on raturer l’amour ? Marcel Proust, l’un des soixante-deux cahiers d’écriture d’A la recherche du temps perdu, Le côté de Guermantes (Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits, NAF 16679).         


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9 août 2010 1 09 /08 /août /2010 10:26

petite

Au début ça piquait bien un peu, mais c’était plutôt rigolo. Le seau était magnifique, des glaçons musiciens y improvisaient une joyeuse sarabande, — et la petite robe blanche se faisait si mignonne tout plein qu’on avait bien envie de la garder toute la semaine… Dans la flûte de maman les bulles remontent par dizaines à la surface respirer un petit coup. Moi, je finis la bouteille en catimini, mais je ne vois pas les bulles. C’est bien embêtant, tout le plaisir du champagne est dans ces petites sorcières qui allument mille feux d’artifice ! Après, j’avais la tête qui chavirait de dodelinantes impressions, et le cœur plein d’étoiles. Si je cours au jardin, mes pieds vont me jouer de mauvais tours, c’est certain, je préfère les mettre sagement à l’abri sous moi sur la chaise, et attendre un peu. Heureusement que c’est dimanche, et que je n’ai pas besoin d’apprendre mes leçons ni ma récitation !

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 15:13

pickpocket.jpg

« Est-ce qu’on ne peut pas admettre que des hommes capables, intelligents, et à plus forte raison doués de talent ou même de génie — donc indispensables à la société — au lieu de végéter toute leur vie soient dans certains cas libres de désobéir aux lois ? » Michel (Martin La Salle), in Pickpocket, Robert Bresson, 1959.

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 14:04

musil.jpg

Cela s’était produit dans ce même jardin, non loin de l’endroit où ils se trouvaient maintenant. Le souvenir se compléta. D’autres passages qu’elle avait rappelés à son frère lui revinrent : « Est-ce toi, ou n’est-ce pas toi ? Je ne sais où je suis, et je ne veux pas le savoir ! »  « J’ai surmonté tous mes pouvoirs hormis la force obscure ! Je suis amoureuse, et je ne sais de qui ! J’ai le cœur plein d’amour et vide d’amour tout à la fois ! » Ainsi s’élevait à nouveau en elle la plainte des mystiques dans le cœur desquels Dieu s’est enfoncé aussi profondément qu’une épine qu’aucune pointe de doigt ne peut plus atteindre. Robert Musil, L’Homme sans qualités, troisième partie, chapitre 55, traduit par Philippe Jaccottet, éd. du Seuil, 1957. Ill. faksimile der Skizze zu Gartenfest (Esquisse à la fête champêtre).

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 11:04

big-sky.jpg

Vous ne savez plus trop quoi faire de votre vie ces jours derniers ? — eh bien peut-être pourriez-vous embarquer, vous aussi, sur le Mandan et remonter le tonitruant Missouri. C’est un truc que vous ne ferez pas tous les quatre matins, je vous assure. Les paysages du côté des Rocheuses sont grandioses, et les ciels immenses comme l’éternité. Prenez votre fusil, de la poudre et deux couvertures. Pas besoin d’emporter de la lecture, vous en aurez vraiment plein les pattes et dormirez sous les étoiles comme une masse. Au bout d’une douzaine de semaines de cette vie rude et enivrante, vous vous ferez de nouveaux copains chez les Blackfoot qui font parler les nuages. Tout serait pour le mieux dans le meilleur de l’ouest s’il n’y avait pas à bord cette fichue indienne, — une vraie princesse indienne même, la captive aux yeux clairs. Alors là, les choses deviennent presque proustiennes dans votre cœur, — si Proust avait écrit sa folle recherche à califourchon sur un baril de poudre, disons. Howard Hawks, The Big Sky, RKO, 1952.

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 22:48

zweig.jpg

Quand Clarissa, bien des années plus tard, s’efforçait de se souvenir de sa vie, elle éprouvait des difficultés à en retrouver le fil. Des espaces entiers de sa mémoire semblaient recouverts de sable et leurs formes étaient devenues totalement floues, le temps lui-même passait au-dessus, indistinct, tels des nuages, dépourvu de véritable dimension. Elle parvenait à peine à se rendre raison d’années entières, tandis que certaines semaines, voire des jours et des heures précis et qui semblaient dater de la veille, occupaient encore son âme et son regard intérieur ; parfois, elle avait l’impression, le sentiment de n’avoir vécu qu’une partie infime de sa vie de façon consciente, éveillée et active, tandis que le reste avait été perçu comme une sorte de somnolence et de lassitude, ou comme l’accomplissement d’un devoir vide de sens. Clarissa (traduction de Jean-Claude Capèle, éditions Pierre Belfond, Paris, 1992) Stefan Zweig (debout, avec son frère, Vienne, 1900)

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 18:26

J’ai mis du temps, mon dieu ! tant de temps pour découvrir Gérard (quelquefois il suffit de dire « Gérard » pour savoir de qui on parle…), et ses Petits châteaux, précieux, sont ceux que l’on garde dans les Espagnes rougeoyantes nichées au fond de notre cœur (Mon doux pays des Espagnes / Qui voudrait fuir ton beau ciel, / Tes cités et tes montagnes, / Et ton printemps éternel ?). Gérard de Nerval, Petits châteaux de Bohême, prose et poésie, Eugène Didier, Éditeur, au 6, rue des Beaux-Arts, Paris, MDCCCLIII, in-32 de 96 pages, faisant partie de la collection Éditions Diamant. La Bibliographie de la France du 1er janvier 1853 enregistrera le volume au titre de l’année 1852 ; plusieurs exemplaires porteront cette date sur leur couverture. Le contrat avec l’éditeur Didier avait été signé le 14 décembre 1852 (notice de Jean-Luc Steinmetz dans l’édition des Œuvres complètes, volume III, La Pléiade, Gallimard, 1993). Pour lire l’ouvrage en taille normale, il suffit, théoriquement, de laisser glisser le curseur « petite main » sur les pages et de cliquer sur le petit écran situé au-dessous au milieu de la bande grise qui apparaît miraculeusement en pied d’ouvrage — on n’arrête guère le progrès, n’est-ce pas ? par ces temps… Un immense, immense merci à Madame Gallica de l’honorable Bibliothèque nationale de France !

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 12:39

kenji-mizoguchi.jpg

Dans les brumes au-dessus du lac, la barque glisse dans l’irréalité du monde, emportant Genjuro et Tobei qui veulent provoquer leur fortune et fuir leur destin. Ils ne feront qu’en précipiter les funestes épisodes, — le premier se perdra dans de fantomatiques amours, tandis que le second ira jusqu’à usurper ses rêves de samouraï. Le fantastique de Mizoguchi est si délié, précis, grave et tourmenté, qu’il n’est pas sans éclairer durablement notre quotidien ordinaire. Kenji Mizoguchi, Les contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari, 雨月物語) 1953, d’après deux contes de Ueda Akinari (1734-1809).

 

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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
  • : petites proses journalières, citations, musiques, ou bouts de films.
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.